Boru ~ A la recherche du bonheur

BORU

Bo s’en veut terriblement, entre le fait qu’Ahreum ait encore dû les aider. Qu’il ait dû laisser Leo enfermé avec lui dans un placard à balais. Sans compter son pauvre Nana, qui, au final, en prend vraiment pour son grade… ça doit être tout sauf évident pour son cousin, et surtout, il a bien reconnu ce coup de cahier ou de journal. Les parents coréens en sont friands pour certains. Ça l’a fait gémir plus qu’il ne l’aurait voulu sur le moment pour être honnête, et il n’a même pas reçu le coup. Vraiment, ce repas, qui devait s’annoncer plutôt bien, il faut quand même noter que Harry était okay pour venir et déjeuner avec eux, a totalement foiré, et il ne peut pas dire que ce n’est pas sa faute. Parce que ça l’est totalement.

Leo reçoit le sms, ils sortent alors prudemment, et en effet, la voie est enfin libre. Ils foncent, sortent dehors en se tenant encore la main, puis Bo prend ses distances assez rapidement, pour croiser ses bras, l’air réellement triste. Il s’en veut profondément. Ça serait plus simple s’il n’avait pas à mentir ou se cacher, il le sait bien. Mais le jour où les parents de Nana sauront, ça en sera fini de lui. Il stresse déjà assez souvent avec le fait d’être dans l’appartement, mais il n’a pas les papiers nécessaires, pour le moment, afin d’ouvrir un compte en banque ici et de prendre un logement. Bientôt. L’avantage, c’est que les parents de son cousin ne viennent vraiment jamais chez lui. C’est juste une femme de ménage qui passe deux fois par semaine, et In-Ha a commencé à la soudoyer pour qu’elle ne dise rien. Pour ça aussi, il se sent mal.

Perdu dans ses songes, il finit par redresser la tête et remarque un restaurant italien. « On va là ? » Haru semble d’accord, l’endroit n’est pas tellement rempli, du moins, les clients sont étalés un peu partout. Ils arrivent avoir une table tranquille, au fond. Bo s’installe et se cache rapidement derrière son menu, la tête prise par tout ce qui vient de se passer. Il n’a pas envie de perdre du temps précieux avec son amoureux, mais, s’il se met à lui parler, il va juste fondre en larmes, il le sait bien, et il a assez pleuré avec lui non ? Il a l’impression de ne faire que ça par moment, mais Haru fait tellement tomber toutes ses barrières… Posant le menu, il se passe une main dans les cheveux, puis remonte ses manches sans faire exprès. S’en rendant compte relativement rapidement, il plonge alors ses avant-bras sous la table et remet ses manches en place. « Tu veux manger quoi ? J’invite ? J’peux au moins faire ça... » Il attrape son téléphone, cependant, pour envoyer un message à Nana : Je suis vraiment désolé, on en parlera ce soir, merci pour tout. Et un autre à Ahreum : Je suis sincèrement désolé. Merci pour ce que tu as fait… avant de ranger son téléphone et de se concentrer sur le torse de son chéri, incapable de le regarder dans les yeux.

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Haru remercie son meilleur ami par le biais de messages écrits avant de lui souhaiter bon courage. Il sait tout ce qu'il a à endurer en présence de son père, surtout après avoir osé le contredire. Heureusement pour lui, le docteur Smith a l'air d'apprécier le caractère plus enflammé de son frère jumeau, par contre...Comme In-Ha, il ne peut s'empêcher de se demander pourquoi son propre père s'entête à lui présenter un médecin à lui plutôt qu'à son fils. Ça lui fait mal pour lui. Il espère sincèrement qu'il trouvera la consolation dont il a besoin auprès de James, parce qu'il est désormais dans l'impossibilité de se dédoubler et son actuel petit copain ne semble pas dans son assiette non plus.

Il n'aurait jamais cru se sentir déchiré entre son meilleur ami et son chéri. Lui qui pensait simplement soutenir In-Ha toute sa vie. Leo laisse Bo-Min avancer à son rythme, près de lui, mais pas trop afin de ne pas le mettre mal à l'aise. Ça ne dérange pas Haru de se montrer proche de lui en public mais quand il voit tout ce que ça implique, il préfère garder ses distances. Finalement Bo jette son dévolu sur un restaurant italien. Haru hoche la tête. Peu lui importe, tout ce qui lui fera plaisir. Ils s'installent silencieusement, le grand observe le plus petit avec attention, remarque qu'il remonte ses manches et l'espace d'un instant aperçoit les marques rouges. Il fronce les sourcils. C'est récent. Ça veut dire qu'il ne prend pas assez soin de lui, c'est ça ? Il se sent mal pour ça mais ne dit rien. Ce n'est ni le moment, ni l'endroit.

« Tu peux m'inviter si tu veux...mais que dirais-tu si on prenait à emporter plutôt ? Je connais un chouette endroit à l'extérieur de la ville...on pourrait y manger tranquillement. » Haru ouvre déjà son application pour commander un Hubert. Il ne lui laisse pas vraiment le choix en réalité. Une serveuse vient prendre leur commande. Haru sélectionne une pizza, une boisson et un dessert et laisse Bo-Ru demander ce qu'il préfère.

Une vingtaine de minutes plus tard, il peuvent enfin repartir. Le Hubert est déjà là depuis quelques minutes. Haru ouvre la portière à Bo-Ru avec un petit sourire encourageant et laisse son amoureux rentrer, lui confie les pizzas et s'empresse de faire  le tour pour donner l'adresse au chauffeur. Une quinzaine de minutes plus tard,  ils débouchent dans la cour d'une ferme. Une fois le chauffeur parti, Haru explique. « C'est une maison de vacances. Les propriétaires ne viennent là que rarement, c'est vide pour un sacré bout de temps. Comme il fait beau, je me disais qu'on pourrait aller manger dans le jardin ! Aller, viens Min-Min ! » Lui offrant un sourire tendre, Haru le guide à l'arrière de la maison principale.

Le jardin aménagé offre ombre et soleil avec diverses plantes et arbres. Une table en bois sculpté les attend. Haru dépose les boissons et s'installe sur un banc, invitant Bo-Min à en faire de même juste à ses côtés.  « Ne t'en fais pas, on les connaît bien, ils nous laissent utiliser leur piscine aussi ! » Son sourire cherche celui de Bo-Min, il espère le détendre un peu, lui qui est aussi triste que le temps est beau.

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Ils s’installent et Bo regarde le menu en le survolant plus ou moins. Il n’a pas vraiment faim, avec tout ce qui est arrivé, mais il a vraiment envie de passer un bon moment avec son chéri. Il doit se secouer un peu, il le sait bien, mais il s’en veut tellement qu’il ne sait pas comment faire pour faire semblant. Devant Haru, il n’y arrive plus vraiment. Il sait qu’il peut être plus vrai, plus honnête et les barrières tombent. « Tu peux m'inviter si tu veux...mais que dirais-tu si on prenait à emporter plutôt ? Je connais un chouette endroit à l'extérieur de la ville...on pourrait y manger tranquillement. » Il le regarde ouvrir son cellulaire et commander quand la serveuse arrive. Bo n’insiste pas plus que ça en réalité. Il a causé assez de troubles pour en rajouter une couche, et puis, si c’est un endroit isolé, au moins, ils pourront se comporter un peu plus intimement. C’est déjà ça de pris.

Il prend quasiment la même chose que lui, mais en petite taille et avec un supplément de fromage, histoire de se motiver à manger. C’est sans doute le dessert qui lui fait d’avantage envie. Durant le trajet, la chaleur des pizzas se diffusent sur ses cuisses, le faisant frissonner par moment. Il ose attraper la main de Haru, se disant que le chauffeur sera payé, et grassement et qu’il n’a rien à leur dire non ? Au moins ça, juste ça. Juste le tenir, bien qu’il ait juste envie de se gluer à lui. Lorsqu’ils arrivent devant une sorte de ferme, le jeune homme penche la tête sur le côté, assez surpris… Les pizzas toujours en mains, il le suit alors. « C'est une maison de vacances. Les propriétaires ne viennent là que rarement, c'est vide pour un sacré bout de temps. Comme il fait beau, je me disais qu'on pourrait aller manger dans le jardin ! Aller, viens Min-Min ! » Il sourit un peu sous le surnom, et avance à sa suite en admirant le paysage qui s’offre à eux. La maison est en brique blanche, le toit en tuile ocre. Elle ressemble à une ferme espagnole en y songeant, il aime beaucoup. Le jardin est terriblement agréable et la piscine qui scintille avec les reflets du soleil donne envie. Il pose les boites sur la table de bois.

Il vient contre lui, souriant faiblement en continuant d’admirer le lieu. « Ne t'en fais pas, on les connaît bien, ils nous laissent utiliser leur piscine aussi ! » « Ils sont gentils... » souffle-t-il alors, avant de prendre son repas, et attraper une part pour commencer à manger. Il a le coeur et l’estomac lourds cependant. « Hm… » Soupirant un peu, il termine sa part puis fixe la table en la caressant du bout des doigts. « Je m’en veux pour ce qui s’est passé… Si… Si j’étais quelqu’un de bien, ça ne se serait pas produit. » Combien de fois a-t-on pu lui répéter que les viols, et tout le reste, c’était uniquement sa faute, parce qu’il n’était pas une bonne personne, ni normal. Il a lutté contre ce genre de pensées toxiques, mais quand la tristesse et la culpabilité le bouffent, il n’y arrive plus. La dépression ne l’aide pas, le fait de ne pas se soigner non plus. Mais il est juste terriblement effrayé. « Je suis vraiment désolé tu sais ? In-Ha… il s’est fait tapé et son père n’a pas été gentil. Ahreum a dû encore faire un truc contre son gré et si ça t’a aussi apporté des soucis... » Il se mord la lèvre, commence à griffer l’un de ses poignets, ses mains cachées sous la table. « In-Ha m’en veut déjà parce que… je… je suis tombé pour toi et... » toi aussi, qu’il veut ajouter, mais il n’y arrive pas, parce qu’il ne pense toujours pas mériter quelqu’un comme Haru, ni croire qu’il peut vraiment tomber amoureux de lui… « Il va juste me détester à force…. »

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Ah qu'il est difficile de dérider Bo-Min, qu'il est difficile de l'apaiser. Haru sent que son amoureux a plus que jamais besoin de lui. C'est dire, il lui a même pris la main dans le taxi, devant un témoin. Et voilà qu'ils arrivent à la ferme des Svenson. Il a la clef de chez eux. Sur son trousseau. Mais ça, il ne le dit jamais à personne pour protéger les lieux. In-Ha et Ahreum sont les seuls qui savent. La ferme a quelque chose d'apaisant, même s'il y manque quelques animaux pour égayer, le jardin est toujours parfaitement entretenus.

Haru s'installe, Bo-Min ne tarde pas à le rejoindre. Le grand s'empresse de l'entourer d'un bras pour le rapprocher de lui et le câliner, bien décidé à manger à seulement une main. Il engouffre deux parts quand Bo-Min n'en avale qu'une. Il finit par le lâcher pour s'essuyer les doigts. Il s'arrête. Il sent qu'il va parler. Il a le regard fuyant et la mine triste. Il commence à se culpabiliser et Haru retrouve une mine peinée. Il le laisse parler, mais lorsqu'il le voit agiter ses mains sous la table, il vient les lui prendre doucement pour les tenir dans les siennes. « Bo-Min ah...ne te fais pas mal s'il te plaît. Regarde-moi. » Sa voix est douce. Il lui relâche doucement une main pour venir lui caresser la joue. « Tu es quelqu'un de bien. Tu es même quelqu'un de merveilleux. »

Sa grande main épouse la mâchoire du plus petit, son autre main marque des pressions affectueuses sur ceux de Bo-Min. « Pourquoi est-ce que tu crois qu'In-Ha prend le risque de te cacher chez lui ? Pourquoi tu penses qu'Harry accepte de jouer le jeu ? » Il marque une pause et dépose un baiser sur le front de son amoureux qui a les yeux brouillés de larmes. « On tient à toi. Alors on fait ce que l'on peut pour te protéger. Et je ne pense pas qu'In-Ha puisse te détester. C'est lui qui m'a dit à quel point tu valais la peine d'être rencontré. Il a juste été piqué dans son ego. Il est fragile, sous ses airs de gars qui sait ce qu'il veut. » Il soupire. « Je ne sais pas ce qui t'es arrivé pour que tu aies une si petite estime de toi-même, et je sais que c'est difficile de penser autrement quand on est persuadé, mais j'aimerais vraiment que tu te vois comme je te vois. » Haru le regarde longuement. « Moi je vois un jeune homme talentueux, avec un cœur en or, un sourire à tomber par-terre et qui a plein de belles choses à offrir à ce monde. » Il pose son front contre le sien. « Je suis tellement heureux de t'avoir rencontré tu sais. Même si ça chamboule pas mal de choses, je suis heureux que ça soit toi. »

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Il aimerait tellement lutter contre les pensées néfastes. Contre ce qui le ronge autant de l’intérieur. Il y arrive parfois, et par moment, absolument pas. Mais ça le rend encore plus malheureux lorsqu’il a une de ses phases en présence de Haru. Il ne mérite pas de le voir ainsi, ou d’avoir à supporter ça à vrai dire. Il déteste perdre pieds de la sorte pour se retrouver coincé dans son anxio-dépression. « Bo-Min ah...ne te fais pas mal s'il te plaît. Regarde-moi. » Il sursaute un peu, pas parce qu’il le retient, ou lui parle, ou vient lui caresser la joue, mais pour ce qu’il dit. Sait-il vraiment qu’il se fait du mal ? qu’il s’en fait trop sans doute ? Perdant son regard dans le sien, il déglutit, frissonne, les yeux embués. « Tu es quelqu'un de bien. Tu es même quelqu'un de merveilleux. » Il voudrait lui crier que c’est faux. Que quelqu’un de merveilleux ne subit pas ce qu’il a dû affronter, parce qu’il n’attirerait pas ce genre de choses à lui. A force d’avoir entendu les autres lui marteler que c’était de sa faute et uniquement de sa faute, parfois, il s’est mis à y croire…

Ses petits doigts tremblants s’accrochent à ceux de son amoureux. Il le regarde encore. Il y arrive. Il se demande bien par quelle magie cependant. Sans doute que la douceur de Leo n’y est pas étrangère à vrai dire. « Pourquoi est-ce que tu crois qu'In-Ha prend le risque de te cacher chez lui ? Pourquoi tu penses qu'Harry accepte de jouer le jeu ? » Ce baiser le fait à nouveau frémir, frissonner, il ferme doucement ses yeux, laissant de grosses larmes tomber et s’écraser sur leurs mains. « On tient à toi. Alors on fait ce que l'on peut pour te protéger. Et je ne pense pas qu'In-Ha puisse te détester. C'est lui qui m'a dit à quel point tu valais la peine d'être rencontré. Il a juste été piqué dans son ego. Il est fragile, sous ses airs de gars qui sait ce qu'il veut. » C’est vrai, il est fragile, malgré ce qu’il essaie de montrer… Mais plus fort que lui. Il voudrait lui dire parfois. « Je ne sais pas ce qui t'es arrivé pour que tu aies une si petite estime de toi-même, et je sais que c'est difficile de penser autrement quand on est persuadé, mais j'aimerais vraiment que tu te vois comme je te vois. » Il retient un lourd sanglot, mais il le retient tant qu’il se met à trembler. « Moi je vois un jeune homme talentueux, avec un cœur en or, un sourire à tomber par-terre et qui a plein de belles choses à offrir à ce monde. » Pitié, tais-toi qu’il aimerait lui demander. Le supplier de se taire, parce que ses douces paroles le font souffrir, autant qu’elles lui font du bien. « Je suis tellement heureux de t'avoir rencontré tu sais. Même si ça chamboule pas mal de choses, je suis heureux que ça soit toi. »

Il secoue sa tête alors vivement, voulant dire que le seul chanceux, c’est lui. Mais rien ne sort. Il se mord tellement fort la lèvre pour ne pas perdre le contrôle qu’il a l’impression qu’elle va s’ouvrir. Mais le sanglot éclate bien malgré lui. Un sanglot plus fort encore que celui de la boite de nuit. Il vient s’accrocher au bras du plus grand, pose son front contre son épaule pour se cacher. Et il pleure. Il pleure comme il n’a quasiment jamais eu l’occasion de le faire auparavant. Il pleure tout son saoul. Il a le sentiment qu’il pourrait en faire un malaise à vrai dire. Tremblant intensément, il essaie de reprendre son souffle, mais hoquette plus qu’autre chose, ressemblant à un lapin effrayé.

Les pizzas ont le temps de refroidir, à vrai dire, le temps qu’il pleure ainsi, contre son amoureux. Lorsqu’il reprend un peu conscience de lui-même, de Leo, du reste autour, sa tête le lance. Il se frotte les yeux, respire par séquence, secoue encore sa tête. Il n’ose pas le regarder. Il vient mordre son doigt, griffe la pulpe de son pouce. Et s’il le trouve repoussant après ça ? Après lui avoir avoué ? Pourtant, c’est Haru… C’est Haru. Et Haru, il ne peut pas lui vouloir de mal hein ? « J’ai été violé... » avoue-t-il d’une petite voix. Il s’attend presque à se faire frapper, comme avec son paternel et rentre la tête dans ses épaules en couinant de peur. « A l’armée… pendant plus d’un an. Personne a rien fait…. » Pourtant, même ses supérieurs savaient. « J’suis gay…. Pour eux… je le méritais... » Sa voix est brisée lorsqu’il raconte ça. « Pour… mon père aussi…. » Un sanglot éclate à nouveau dans sa gorge et il vient se recroqueviller contre le plus grand pour y trouver un asile. Un abri rien qu’à lui. Un paradis. « Je… suis v-v-vrai-ment dé-solé... » Il a du mal à reprendre son souffle, une respiration normale, tant tout est chaotique en lui en ce moment. Il tremble, se cache, ses phalanges devenant blanches à force de tenir le haut de Leo comme s’il avait peur de le voir partir.

BORU

Le sentir trembler fait battre le cœur de Haru très fort. Il a peur que Bo-Min ne s'effondre entre ses bras mais il doit lui dire, il doit entendre qu'il est quelqu'un de bien, qu'il mérite d'être aimé et surtout que lui l'aime énormément. Il se mord la lèvre si fort, les yeux rougis de larmes que Leo se retrouve presque avec la vue brouillée, mais il est sûr de ce qu'il dit, et même sa gorge désormais serrée de voir Bo-Min dans cet état ne vient pas perturber la douceur de sa voix. Bo-Min doit savoir, il doit l'entendre.

Finalement, Haru se tait et le petit être s'écroule contre son épaule pour pleurer. Le grand le laisse faire avant de venir lui caresser le dos avec tendresse, l'accompagnant dans sa peine. Il le berce autant qu'il le peut dans cette position avant de le prendre dans ses bras. « Pleure, pleure autant que tu as besoin. » Ici, personne ne le verra, personne ne le jugera.

Lorsque le plus gros de la tempête est passé, Bo-Min se met à parler. Haru se raidit en entendant ses paroles. Oh, il s'en doutait, mais l'entendre, cette horrible confirmation, ça lui fait mal pour Bo-Min. Ça lui fait mal au plus profond de son être que des monstres ignobles puissent s'en prendre à des êtres aussi purs. Entendre Bo-Min qui ajoute que même son père estime qu'il le méritait lui fait serrer la mâchoire. Qu'il essaie de venir récupérer Bo-Min, il va voir comment il va l'accueillir. Mais l'heure n'est pas à la vengeance, l'heure est à la consolation, et son amoureux en a grandement besoin.

Leo lui ouvre les bras pour mieux les refermer sur lui, l'attirant contre son torse, sa grande main caressant ses cheveux. Il fourre son nez contre les mèches sur le sommet de son crâne, pour l'embrasser. Bo-Min s'excuse. « C'est eux qui devraient s'excuser...Rien n'est de ta faute Min-Min. » sa voix est douce. « Je t'aime. » Il l'aime comme il est, avec son terrible passé, son horrible père, ses traumatismes. Il espère juste être capable de lui adoucir la vie, de tourner la page et de réapprendre à s'aimer. « Et je t'aimerais pour deux, jusqu'à ce que tu arrives à t'aimer toi-même. »

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Il a l’impression d’être hors du temps, du monde, de tout. Là, contre son homme, il lui avoue ses blessures profondes, ce qui le ronge depuis trop longtemps, et encore, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. Il n’a pas encore tout dit. Il n’arrivera pas tout dire maintenant. Mais Haru peut un peu mieux le comprendre maintenant. Comprendre que parfois, oui, il a terriblement envie de lui, mais que d’imaginer la pénétration, même avec lui, devient un cauchemar. Il aimerait lui faire connaître des plaisirs divins, comme celui de la fellation. Il aimait ça avant. Avant de devoir s’agenouiller devant ce prêtre et… suffoquer. Maintenant, il a peur, il n’arrive pas, il a l’impression d’en être dégoûté, il n’a même pas envie d’en recevoir, de peur de devoir alors, forcément donner. Il est encore trop fragile, sur bien des plans. Mais maintenant, il a pu lui expliquer un peu. Lui faire comprendre que ce n’est pas contre lui, mais que les traumatismes sont bien trop vifs, bien trop saignants. Les plaies sont encore béantes.

Il passe ses jambes sur les cuisses de Leo afin de se tenir vraiment contre lui. Il l’enlace, sa joue sur son épaule, son visage inondé caché dans son cou. Les pizzas sont froides, il n’y pense même plus sur le coup, mais il sait qu’il s’en voudra de l’avoir empêché de manger chaud. « C'est eux qui devraient s'excuser...Rien n'est de ta faute Min-Min. » C’est la première fois que quelqu’un lui dit ça. Il sent son sanglot se calmer. « Je t'aime. » Même après tout ça…. ? Même avec ça ? Même en étant comme ça ? Il se recule un peu, afin de le regarder, profondément surpris, mais terriblement reconnaissant. Infiniment reconnaissant. Haru est sans doute la plus belle providence que le destin a pu mettre sur son passage. « Et je t'aimerais pour deux, jusqu'à ce que tu arrives à t'aimer toi-même. » Les larmes reviennent, mais pas des sanglots d’horreur à défouler. Des larmes d’émotion pure pendant qu’il vient lui caresser la joue de sa main tremblante. Il allait presque se dénigrer, dire qu’il ne le mérite pas. Mais non, il ne peut pas les souiller ainsi. Il ne veut pas. « Merci... » murmure-t-il alors d’une petite voix éteinte. Il continue de lui caresser le visage doucement, de chaudes larmes roulant sur ses joues. Il vient d’entendre tout ce qu’il rêvait d’entendre depuis longtemps.

Déglutissant, il pose ses lèvres hésitantes sur les siennes et se niche à nouveau contre lui. « Tu es un ange Haru… » Un véritable ange. Il se tait, se calme à nouveau, réellement, avant de pousser un long soupir lorsque son souffle revient. Toujours dans sa position, il lui caresse le bras doucement. « Je veux faire… ce qu’il faut pour aller mieux. Parce que j’ai jamais… été aussi heureux que depuis que je t’ai rencontré... » Il n’ose pas le regarder, mais il le tient contre lui. Du moins, il se serre contre lui. « Et j’ai l’impression que je pourrai t’aimer jusqu’à la fin de ma vie... » rougit-t-il alors, en prenant sa main. Il laisse sa tête sur l’épaule du plus grand, mais la redresse un peu afin de pouvoir le regarder longuement. « Tu m’aides à guérir… vraiment… C’était tellement plus dur avant... »

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L'instant est à la fois grave et doux. Haru ressent toute la confiance que Bo-Min a en lui et pour ça il lui en est reconnaissant. C'est vrai qu'il leur serait difficile d'avancer ensemble s'il y avait trop de zones d'ombres, même si Haru ne veut pas tout les détails. Il a besoin de comprendre d'où viennent toutes les craintes de son amoureux, d'une part pour le rassurer, mais aussi, pour ne rien faire qui les fasse revenir. C'est bien la dernière chose au monde qu'il souhaite, le blesser, même inconsciemment. Il accueille les jambes de Bo-Min sur ses cuisses, comprenant qu'il souhaite simplement s'installer plus confortablement contre lui. Il continue de parler, de le rassurer. Lorsqu'il prononce sa dernière phrase, le visage humide de Bo-Min se lève devant lui et Haru lui offre un tendre sourire.

Les larmes reviennent rouler sur les pommettes du plus petit et le plus grand s'empresse d'en essuyer avec le plat de son pouce pendant qu'il frissonne à la caresse de ce dernier sur sa joue. Il accueille le baiser de Bo-Min avec autant de douceur qu'il en est capable. Il sourit plus encore quand son amoureux lui dit qu'il est un ange. Haru lui dirait bien qu'il lui manque des ailes, mais il se dit que ce n'est pas le moment pour une telle remarque, et puis Bo-Min se remet à parler, annonce qu'il veut tout faire pour guérir ses blessures. Haru l'enlace un peu plus en entendant ça. La petite phrase timide mais pleine d'amour qui arrive ensuite fait davantage battre le cœur de Haru. C'est peut-être un peu tôt pour parler de toujours, mais au fond, il ressent la même chose. « J'ai cette impression-là aussi. »  souffle-t-il dans les cheveux de celui qui n'ose pas le regarder.

Finalement les prunelles de Bo-Min rejoignent à nouveau les siennes. Haru lui sourit sereinement. « J'en suis heureux, je ferais tout ce que je peux pour te soutenir. » Tu n'es plus tout seul Bo-Min ah. Doucement, Haru prend la main de Bo-Min pour l'amener jusqu'à son torse, jusqu'à l'endroit où son cœur bat avant de se pencher vers Bo-Min pour l'embrasser, relâchant sa main pour venir lui tenir le visage, délicatement. Son baiser se fait intensément doux, emplit de sentiments, comme s'il scellait le pacte d'être toujours à ses côtés.